Allez auprès de Jésus-Hostie, son Cœur vous ap­pelle, il vous attend. Allez, c’est vous qu’Il veut, vous et non pas une autre. Si vous ne pouvez aller, Il ne vous ap­pelle pas ; mais s’il vous invite et qu’Il vous nomme et que votre conscience vous le dise, allez ! C ’est un grand honneur et une grande préférence.

N’allez pas uniquement pour demander telle ou telle chose, pour obtenir secours et protection. L’ami­tié de Dieu est un doux commerce, mais pour que ce commerce soit véritablement profitable, il faut qu’il soit désintéressé ; car le désintéressement étant une manière d’agir plus parfaite, il honore davantage celui qui en est l’objet et celui qui le met en pratique. Dieu ne se laisse pas vaincre en générosité, surtout par des pauvres. Son­gez moins à demander qu’à donner, oubliez-vous un peu pour tenir compagnie à Jésus, le consoler, lui donner l’amour que d’autres lui refusent, le dédommager dans quelque mesure.

Tous les maux de la terre qui vous font gémir l’af­fligent encore plus qu’ils n’affligent les hommes. Sa justice doit permettre les maux que le péché a faits, mais son Cœur en a pleuré des larmes de sang au jardin des Olives…

C’est son Cœur, c’est-à-dire son amour, qui l’a fixé dans le Tabernacle ; que votre cœur vous y porte donc aussi, que ce soit l’amour qui vous y conduise ; adorez, remerciez d’abord, la supplication vous sera permise en­suite, mais allez pour Lui avant d’aller pour vous.

Vous ne savez peut-être que lui dire. Que dit une fleur sous les yeux d’un malade ? Elle le réjouit sans lui parler ; c’est sa présence qui parle, sa couleur, sa forme, son parfum.

Votre parfum, c’est vous-même, vous et pas une autre ; votre personne, votre âme est là, avec l’esprit qui vous a été donnée, le cœur tel que vous l’avez, vos facul­tés propres, votre être. Cette âme faite à la ressemblance de Celui qui vient s’y regarder, cette âme, elle lui plaît puisqu’il l’a faite, et en la regardant il la répare si vous l’avez déparée.

La couleur d’une fleur lui vient des rayons du soleil ; eh bien ! le divin Soleil de justice vous a enrichie de dons particuliers qui n’ont été faits à nulle autre. Vous avez votre couleur, votre place à part dans l’harmonie créée par Dieu pour sa gloire. Il la connaît mieux que vous. Il a fait en vous des beautés que vous ne savez pas et qu’Il aime à voir ; portez-les lui ; peut-être vous les révélera-t-il pour vous consoler des laideurs que vous connaissez en vous.

Votre parfum sera la disposition de votre volonté au bien qu’elle aime, vos désirs d’aimer plus encore le bien que vous désirez. Les saints désirs sont de célestes par­fums qui ne s’élèvent que du sein des âmes déjà cultivées par la main du Seigneur.

Vous ne savez que dire ? vous êtes fatiguée, malade ? Eh bien ! vous serez là ce que vous êtes, le bon Dieu ne demande rien de plus ; la prière du malade attire plus de grâce ; la fleur qui penche montre qu’elle a besoin d’eau ; en apportant votre faiblesse à Jésus, Il la verra de plus- près, et comme c’eSt sa main qui répand la rosée, vous en recevrez la première abondance.

Vous êtes distraite, ennuyée ; qu’importe ? Il y a des fleurs sans parfum que l’on préfère parfois. Jésus aime les âmes où la stérilité engendre l’humilité, cette fleur ca­chée dont le parfum est le plus exquis.

Vous ne savez que dire ? Ah ! n’y a-t-il pas, à l’heure où Dieu vous appelle, des hommes affligés pour qui demander la consolation, des âmes qui ont besoin de secours, des ennemis auxquels il faut pardonner, des mourants qui paraissent devant Dieu et pour lesquels personne ne prie, des pécheurs qui commettent des crimes, des âmes tentées sur le point de succomber, des pauvres et des malheureux en détresse qui attendent l’assistance que le bon Dieu a résolu de leur accorder à votre demande ?

Il ne s’agit pas de vous présenter devant Dieu pour être consolée, mais pour être consolante. Ce n’est peut- être pas maintenant le temps de jouir, mais celui de souf­frir.