Les apparitions du Cœur Eucharistique de Jésus s’inscrivent dans la continuité et le développement :

  • des apparitions du Sacré Cœur à sainte Gertrude : Jésus y montre son Coeur plein d’amour, et plein de joie
  • des apparitions du Sacré Cœur à sainte Marguerite-Marie à Paray-le-Monial : Jésus y montre son Coeur, et se dit attristé que si peu l’aiment en retour : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes … Et, pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les mépris et les froideurs qu’ils ont pour moi dans ce Sacrement d’Amour. Et ce qui m’est encore plus sensible, c’est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi… »

Ces apparitions du Sacré Cœur ont elles-mêmes été précédées, accompagnées, suivies d’un travail de préparation des âmes par les écrits de Saint Anselme de Cantorbéry, saint Bernard de Clairvaux et tant d’autres auteurs qui ont écrit au long des siècles sur le Cœur du Sauveur…

Elles marquent une nouvelle étape, un nouveau degré d’intimité offert à ceux qui entendront cet appel. C’est dans ce contexte que s’inscrit la chronologie suivante :

1854 : Apparitions du Cœur Eucharistique à Sophie Prouvier (1817 – 1891) , dans la chapelle de l’hôpital de Besançon :

  • « Ce n’est pas que je perdis la connaissance, non, j’entendais ce qui se passait autour de moi, et malgré cela j’étais plongée dans la contemplation de Notre-Seigneur que je voyais navré de douleur devant le peu d’amour que lui portent les âmes favorisées de ses dons et admises à la communion fréquente « Elles m’entourent et ne me consolent pas ! »Ce Cœur divin se répandait en plaintes, avec une expression de bonté et de profonde douleur, c’est-à -dire quelque chose d’ineffablement doux dans son infinie désolation : «  Mon Cœur demande l’amour comme un pauvre demande du pain ». « Ton cœur est-il droit avec mon Cœur comme le mien l’est avec le tien ? ».

Cependant Sophie hésite : « Une seule chose me contrariait, c’était le nom de Cœur Eucharistique. J’aurais voulu que ce soit Sacré-Cœur. Il me semblait voir une singularité et je n’osais pas en parler à cause de cela. ». Aussi le Christ lui dit-il plus nettement, le 1er septembre 1854 :« C’est mon Cœur Eucharistique, fais-le connaître, fais-le aimer ».

La dévotion se diffuse rapidement, grâce à l’appui de saint Pierre-Julien Eymard (1811 – 1868) et du père Hermann Cohen (18121, 1871), curé de Notre-Dame des Victoires.

1879 : le 13 novembre, le cardinal Guibert, archevêque de Paris, érige la première confrérie diocésaine du Coeur Eucharistique : « La dévotion au Cœur Eucharistique de Jésus contient et réunit en elle la dévotion au Saint-Sacrement et au Sacré-Cœur avec l’intention d’honorer par un culte spécial le Cœur Sacré de Jésus dans l’acte d’amour avec lequel il a donné l’Eucharistie et perpétué à travers elle son adorable présence parmi nous.»[1]

1879 : le 28 décembre, le pape Léon XIII approuve la dévotion au Cœur Eucharistique de Jésus

1891 : décret du Saint-Office : «Le culte du Cœur Eucharistique de Jésus n’est pas plus parfait que le culte envers l’Eucharistie elle-même, et ne diffère pas du culte envers le Sacré Cœur de Jésus. »[2]

1903 : Léon XIII établit l’église pontificale de Saint-Joachim à Rome (San Gioacchino ai Prati di Castello) comme centre général de l’Archiconfrérie du Cœur Eucharistique de Jésus.

1916 : Le 16 février, en la fête de saint Joachim, le pape Benoît XV s’adressant à des représentants de l’Association des prêtres du Cœur Eucharistique, déclare : Cette dévotion, la plus excellente, devrait être surtout celle des prêtres.”.

1921 : Le 9 novembre, la fête du Cœur Eucharistique de Jésus est instituée par le pape Benoît XV. Elle est fixée au jeudi suivant la fête du Sacré-Cœur.


[1] Cardinal Guibert, 13 novembre 1879, in Le Cœur du Christ pour un monde nouveau – Actes du congrès de Paray-le-Monial 13 au 15 octobre 1995, Paris, Ed. de l’Emmanuel, 1998.

[2] Décret du Saint-Office, extrait, 3 juin 1891.